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POL Press



Edelweiss septembre 2013

Sunisit, sur orbite
Début solaire et sidéral pour le duo genevois.

Par Nic Ulmi

POL tension

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«Un lever de soleil sur une plage aux îles Baléares. Des gens qui dansent. Un côté à la fois hédoniste et enfoncé dans les étoiles. Un espace ouvert, un horizon lointain… Tout le contraire de ce que je fais d'habitude: de la musique qui file dans un tunnel, pour danser à 3 heures du mat'au fond d'une cave en transpirant.» L'homme qui décrit ainsi les visions contrastées qui accompagnent sa création est l'un des musiciens les plus occupés de l'électronique helvétique. Connu de Genève à l'île de Kyushu (Japon) sous le nom de POL, il a passé une bonne partie de sa vie à tisser des sons dans des sous-sols. Son studio genevois s'appelle Black Bunker, ce qui décrit parfaitement son emplacement et son look. Seulement voilà, Sunisit, son projet en duo dont le premier album vient de sortir, se veut doté d'une âme solaire. Baléarique. Cela tient sans doute à sa rencontre avec Cesare Pizzi. Un personnage dont le nom s'était quelque peu perdu, mais dont l'influence sur la musique de ces vingtcinq dernières années est proprement phénoménale: on lui doit les boucles sonores, implacables et subtilement syncopées, sur lesquelles étaient bâtis les deux mémorables premiers albums des Young Gods¹ — grand groupe romand qui influença David Bowie, U2 et Sonic Youth entre la fin des eighties et les nineties…

Bref, ensemble, POL et Cesare Pizzi ont formé Sunisit, groupe de «space summer music» (c'est eux qui le disent) qui livre la bande-son idéale pour des vacances balnéaires, oui, mais dans l'espace profond. Avec un bonus: le peaufinage sonore des morceaux en studio a été confié à Franz Treichler qui, au sein des mêmes Young Gods, tenait (et tient toujours) le micro et le rôle du frontmanchaman.

Une plage dans l'espace
Histoire atypique: suivons le fil. Au commencement était une sinusoïde: onde composante élémentaire de la musique électronique, elle donne son nom à l'album Sinus (2008), de POL, grand disque solo auquel plein de monde viendra ensuite se frotter. Des remixeurs (réunis sur l'album Cosinus, 2009) et des coéquipiers live malaxent et métamorphosent les morceaux, les déclinant en autant de mutations.

En parallèle, POL découvre Cesare Pizzi. Le cofondateur des Gods a disparu des scènes, mais il lance quelques éclairs musicaux dans le noir sous le nom de Ludan Dross. POL atterrit par hasard sur sa page web, reste sidéré par ce qu'il entend, tombe de sa chaise lorsqu'il découvre que c'est un ancien Young God. Il entreprend alors «une longue lutte», dit-il, pour faire ressortir le musicien au grand jour. Un disque appelé, déjà, Space Summer s'ensuit sur le label de POL, Helvet Underground. Puis un concert au Cabinet, cave incontournable de la scène genevoise.

C'est alors qu'intervient «un troisième type». Que veut-il? «Qu'on joue ensemble, Cesare et moi. Délai: un mois. Impossible, on n'avait pas de projet musical commun! Mais Cesare a dit: «Si, on prend ton album Sinus, on le décompose, je fais les graves, tu fais les aigus.» Tope là! La répartition des rôles est idéale. POL prend «la place qui, dans le rock, serait celle de la guitare et de la voix». Cesare, qui était bassiste de jazz avant de se mettre à l'électronique, se charge des basses et des rythmiques. «Il y avait tellement de place pour swinguer dans cette musique», raconte-t-il. Au boulot, donc! On garde «les harmonies et tout ce qui constituait l'ADN des morceaux», on réinvente le reste. Puis on convie dix personnes dans une cave autour d'un assortiment de tapas pour un brainstorming servant à baptiser le nouveau duo. Les lettres de «Sinus» se remixent à leur tour: ce sera «Sunisit».

Autoroutes de néon
De la rencontre à la sortie de ce disque, quatre ans s'écoulent. Il en aura fallu deux pour l'enregistrer, puis deux autres pour que Franz Treichler, ancien coéquipier de Cesare au sein des Young Gods et sorcier sonore au soin maniaque, trouve un mois dans son agenda pour mixer l'album, retravaillant les sons électroniques en profondeur «comme le ferait un producteur pour un groupe de rock». Résultat? Toutes les étapes de ce parcours sont présentes dans les sept morceaux du disque, logé dans une pochette qui trafique, comme il se doit, «les couleurs d'un lever de soleil pixélisé»… Voici, pour commencer, les sons de POL, entre ambiances sidérales et futurisme urbain, «évoquant parfois les autoroutes de néons à Tokyo dans le film Akira». Voilà le foisonnement de syncopes funky de Cesare Pizzi. Voici enfin la touche de Franz Treichler, «qui a ramené le tout vers le rock'n'roll, lui donnant un côté plus brut, avec plus d'impact». Solaire, donc, oui, si l'on veut. Mais d'un soleil qui serait à la fois l'astre chaleureux qui bénit les fêtards au-dessus de la mer et l'étoile perdue dans l'espace profond.

Sunisit, Sunisit (CD Poor Records). Sur le web: sunisit.net, poorrecords.com Vernissage le 27 septembre à 22 heures au Cabinet, 54, bd Saint-Georges, Genève.
¹ The Young Gods (1987, album de l'année pour le Melody Maker) et L'Eau Rouge (1989).



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