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POL Press



La Tribune
08.09.2012



par Fabrice Gotraux

POL tension

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Tribune de Genève 8 septembre 2012
Si le classique devient tribal, il y a de la techno dans l'air.
Le Genevois POL relit Steve Reich à l'aune de l'electro. A suivre dimanche à la Bâtie.
par Fabrice Gottraux

Dans le domaine electro, on appelle ça un "kick". Pas celui qu'on cadre droit dans la tête de son adversaire. L'autre, aussi percussif mais pacifique. Les clubbers connaissent bien, qui se déhanchent sur les rythmes house, dance, electro. Le kick du jour, celui qui circule d'une enceinte à l'autre du studio Ernest-Ansermet, est un gros "beat" techno. Sorti des machines manipulées au centre de la scène par POL, électronicien bien connu des scènes nocturnes de la ville. Moins des concerts de musique contemporaine.

Battre le rythme avec les chiffres
Pour la Bâtie, POL a transformé le chef-d'oeuvre du compositeur minimaliste Steve Reich, Drumming, écrit en 1970, en Drumming By Numbers. Un jeu de mot avec le film de Peter Greenaway, Drowning by Numbers. Le principe de Reich est le suivant : chaque musicien a un réservoir de notes, qu'il joue en les déphasant au fil de la pièce. Incapable d'écrire ni de lire une partition, POL a utilisé des nombres pour expliquer aux percussionnistes sa vision personnelle du morceau. Drowning By Numbers, "noyé dans les chiffres", est devenu logiquement Drumming By Numbers, "battre le rythme avec des chiffres". Le résultat, un impressionnant déluge de doubles croches, suggère à son tour une autre sorte de noyade, sonore.
C'est conceptuel ? Et ça ne laisse pas de bois ! En répétition depuis jeudi, le projet ne manquera pas de titiller par son côté atypique. "Tribale", "transe" sont les termes qui reviennent dans la bouche des musiciens pour définir cette expérience hors norme. Une telle rencontre entre le monde de clubbing et la musique contemporaine n'avait rien d'évident, souligne POL. L'un et l'autre domaine sont des chapelles bien cloisonnées.
Coutumier des dancefloors, qu'il se produise en live ou comme DJ, POL est lui aussi atypique. Depuis ses débuts il y a vingt ans, il n'a jamais cessé de faire se rencontrer diverses pratiques. Derrière ses machines, le musicien a croisé des comédiens, des cinéastes, joué sur l'acousmonium, nec plus ultra en matière de sonorisation… Le projet autour de Steve Reich lui avait été soufflé dans les années 1990 par l'actuel programmateur musical de la Bâtie. Philippe Pellaud, alias Kid Chocolat, avec qui POL partage une même fascination pour l'oeuvre du compositeur américain.

Sur des iPad
De Reich à POL, il y a un temps, immense, qui a vu passer la musique des balbutiements de l'électroacoustique aux dernières prouesses de la musique assistée par ordinateur. Sur scène, POL travaille sur deux iPad posés à plat devant lui. L'un fait office de synthétiseur, et remplace tous les modèles du genre ou presque. "Je défie quiconque de faire la différence entre l'original et l'ordinateur", soulève le maître d'oeuvre. L'autre palette règle les effets. POL crée ses propres sons. Des vrombissements, des grésillements, des sons "cosmiques", plus typiques des années 1970. "Allemands", précise le Genevois. Dès lors que la partition est constituée, le gros du travail consiste à choisir quel son utiliser.
Mais pour l'heure, place aux percussionnistes d'Eklekto. Alexandre Babel, Thierry Debons, Max Dazas et Damien Darioli, virtuoses de formation classique, s'affairent sur huit bongos. Un à un, les instruments se rejoignent, chaque musicien jouant trois notes identiques. Au bout de la rangée, POL "envoie" les sons. Une basse puissante vibre dans les haut-parleurs. Le fameux "kick" se met en marche. Boum, boum, boum, boum. Et tagadagadagada. Effet spectaculaire. L'impression reste tenace de se trouver à côté des bielles en marche d'un paquebot géant. Avec une myriade de petits nains forgerons tapant sur la coque. Dimanche, on lève l'ancre. La tempête s'annonce dantesque.

 



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